Le SAOS : diagnostic, conséquences, prise en charge symptomatique et approches thérapeutiques
Le syndrome obstructif de l’apnée du sommeil est une pathologie fréquente, invalidante dont le diagnostic nécessite une prise en charge pluridisciplinaire.
Sa prise en charge concerne de nombreuses spécialités médicales et paramédicales et il est difficile d’aborder en une seule monographie tous ses aspects diagnostiques, symptomatiques et thérapeutiques. Néanmoins un certain nombre de constatations peuvent ici être abordées.
Le SAOS est un trouble respiratoire nocturne secondaire à la fermeture partielle ou totale des voies aériennes supérieures pendant une durée déterminée.
Le diagnostic du SAOS est basé sur la polygraphie ventilatoire, idéalement par un enregistrement polysomnographique du sommeil.
Le SAOS est responsable d’une fatigue chronique invalidante avec un retentissement sur la vie professionnelle et sociale. Il est un facteur de risque d’un nombre important de pathologies comme le diabète de type II, l’HTA, l’insuffisance cardiaque, il peut provoquer des troubles cognitifs ou des pathologies oculaires comme le glaucome. La prise en charge repose principalement sur la PPC et l’OAM en fonction de sa sévérité. Ces traitements apportent une amélioration significative des symptômes mais ne traitent pas la cause. Néanmoins ce sont des traitements essentiels dès le diagnostic posé en fonction de la sévérité du SAOS. Ils sont en effet rapides à mettre en place et apportent un confort de vie aux patients.
Toutefois chez le sujet jeune il est important de se poser la question d’une prise en charge qui puisse apporter au patient une guérison du SAOS. En effet ni la PPC ni l’OAM ne modifient significativement l’espérance de vie des patients et ces traitements présentent des inconvénients non négligeables : ils sont prescrits à vie, présentent un inconfort et peuvent provoquer des effets secondaires (sinusite pour la PPC, pathologies de l’ATM et mobilisations dento-alvéolaires pour l’OAM).
Des solutions chirurgicales peuvent être proposées. La chirurgie ORL peut dans certaines situations apporter des solutions durables lorsqu’un trouble anatomique local a été diagnostiqué (chirurgie du septum nasal, chirurgie de la base de langue, chirurgie des amygdales). Il existe également une prise en charge radicale du SAOS apportant une guérison et qui repose sur la chirurgie orthognatique avec soit une ostéotomie bimaxillaire d’avancée, soit une rotation anti horaire selon que le patient présente ou non une dysharmonie dento-maxillo-faciale.
La prise en charge du SAOS est donc complexe et doit répondre à la demande du patient en fonction de son âge, des facteurs de risque et de sa motivation.
Peut-on éviter l’appareil nocturne à pression positive ?
L’apnée du sommeil est le plus souvent liée à une obstruction des voies respiratoires : l’espace des voies respiratoires est anatomiquement diminué de volume.
Une chirurgie d’avancée du maxillaire et de la mandibule permet de libérer et d’augmenter les espaces respiratoires obstrués (derrière la base de la langue, le palais mou, et la gorge) de façon définitive.
Le service de recherche sur le sommeil de l’université de Stanford aux USA a étudié les résultats du traitement de l’apnée sévère du sommeil par la chirurgie orthognatique. A partir d’une méta-analyse elle reprend plusieurs centaines d’études référencées sur le sujet concernant plus de 600 patients opérés de cette chirurgie pour une apnée grave du sommeil.
L’étude américaine de Stanford confirme que plus de 85 % des patients opérés d’une chirurgie orthognatique d’avancée bimaxillaire ont eu une correction suffisante des voies aériennes leur permettant de se libérer du port de l’appareil nocturne à pression positive continue. Elle confirme les études plus anciennes.
L’espace des voies respiratoires dépend de la position des mâchoires.
En quoi consiste cette chirurgie ?
Les mâchoires et la mandibule sont avancées. Ceci provoque un agrandissement des voies aériennes, et un meilleur passage de l’air lors du sommeil.
Cette ostéotomie peut être réalisée lorsqu’il existe un recul prononcé du maxillaire ou de la mandibule, mais également lorsque le patient présente un profil « en retrait » du visage, profil cis frontal, secondaire à des troubles de la croissance pendant l’enfance ou au vieillissement physiologique du visage.
Avantages de la chirurgie orthognatique
Diminution de la tension artérielle plus importante qu’avec les autres traitements, une meilleure qualité du sommeil, et dans certains cas un rajeunissement du visage.
En savoir plus…
Lorsque le patient présente une apnée obstructive du sommeil, qu’il a présenté un échec de la CPAP (appareil nocturne à pression positive), ou qu’il refuse la CPAP et lorsque l’analyse céphalométrique confirme l’indication, la chirurgie orthognatique d’avancée maxillaire et mandibulaire est la technique de choix : c’est une technique fiable, éprouvée et définitive dans la prise en charge de l’apnée du sommeil, et la seule permettant de s’affranchir de la ventilation nocturne à pression positive (CPAP) et d’envisager une guérison de la maladie dans la majorité des cas ( plus de 85% des patients opérés).
C’est en cours de consultation que nous pourrons évaluer la possibilité de vous proposer cette technique, en fonction de l’histoire de votre maladie, de votre motivation, de votre souhait de vous libérer de la ventilation en pression positive continue ou CPAP, de l’examen clinique et des résultats des examens complémentaires qui vous seront demandés.
Appareil nocturne à pression positive
Comment se déroule l’intervention ?
Vous arrivez la veille en hospitalisation à la clinique
Vous sortez en moyenne au deuxième jour post opératoire
L’alimentation est mixée pendant 5 semaines
Une reprise d’activité est possible entre la deuxième et la quatrième semaine post opératoire
Quelles peuvent-être les complications ?
La complication la plus fréquente est une sensibilité de la lèvre qui ne revient pas comme avant.
Dans 15% des cas, malgré une amélioration de la symptomatologie, la ventilation nocturne à pression positive reste indiquée.
Comment puis je savoir si l’intervention est un succès ?
Dans l’immense majorité des cas les patients opérés arrêtent spontanément l’appareillage nocturne, ils se sentent mieux, le conjoint note d’emblée moins de réveils nocturnes, une meilleure qualité du sommeil.
La polysomnographie du sommeil, réalisée à deux mois de l’intervention confirmera votre guérison (85% des cas) ou non.